Lilac Wind

Lilac Wind Levrier Ecossais

Levrier Ecossais

Pur-sangs ?

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Oui et non, cela dépend de ce que l'on entend par pur-sang ou pure race, dont la notion de pureté ne me plait guère, à la fois pour des raisons historiques mais aussi parce que impossible . Pour ma part je préfère l'appellation "plein-papiers" qui sous-entend que le sujet possède un pédigrée complet sur trois générations. Cependant un sujet sans papiers officiels ou avec un pédigrée incomplet peut avoir, selon ses qualités, de l'intérêt pour l'élevage.  

A partir du début du 20ème siècle, officiellement, hormis l'exception de la retrempe avec le greyhound faite par Mrs Anastasia Noble vers 1960 (contre l'avis des instances et de presque tous), et des rares inconnus que l'on peut  voire dans les pédigrées, le deerhound a été élevé, comme la majorité des races canines, dans le concept illusoire de "pure race". La naissance de la cynophilie fin 19 ème était contemporaine de la dérive qui s'est nourrie, entre autres, de la théorie de l'évolution des espèces de Charles Darwin, à l' insu de ce dernier très certainement. De la sélection naturelle à la sélection par l'homme il n'y a qu'un pas qui fût fait dès la préhistoire, mais à l'ère naissante de la révolution industrielle la notion de race pure fît trébucher l'humanité qui ne s'est pas encore totalement relevée de cette chute. Si, fort heureusement, l'on a écarté l'épouvantable application à  l'homme d'une sombre pratique appelée "eugénisme" par Francis Galton (un cousin de Charles Darwin), il me parait légitime de se poser des questions quant à la continuation d'une telle sélection des animaux domestiques. A part dans le milieu de la chasse, en particulier à courre, ou pour quelques milieux marginaux, la retrempe a perdu ses lettres de noblesse, pire, elle est devenue synonyme d'abâtardissement. Certes la plupart des "livres des origines" restent ouverts et par conséquent, pour la majorités des races, rien n'interdit à un éleveur de pratiquer une retrempe, et de présenter les sujets issus d'un métissage pour une confirmation dite "à titre initiale" en France, cependant le sujet , s'il est confirmé, c'est-à-dire conforme au standard de la race, aura un pédigrée incomplet durant trois générations alors qu'il pourrait y figurer le sujet et les ancêtres de la race utilisée pour la retrempe, mais plus grave encore est la mentalité de la majorité des cynophiles actuels dont le regard sur la retrempe est négatif. Pourtant comme toujours c'est une affaire de mémoire, et d'observation de ce qui se pratique ou se pratiquait ailleurs et/ou autrefois. La retrempe est cependant un sujet d'actualité pour beaucoup.


Pour les deerhounds, comme pour  toutes les races, la retrempe fût pratiquée. Allons faire un tour dans ce passé pas si lointain, et rions de ceux qui qui avancent que le deerhound est, contrairement à  l'irish-wolfound, une race pure et non "ré-inventée" récemment.

Hilton of Cadboll Pictish Stone, 9ème siècle.


Les Highlands écossaises, bien qu'étant aux confins de l'Europe et d'une île, ont une histoire riche. Des peuplades mégalithiques sans doute venues de la péninsule ibérique dès la fin de la dernière glaciation, 9000 avant JC, laissent les plus anciens vestiges humains connus en Ecosse. Ensuite viendront des Celtes, d'origines indo-européennes, via la Grande Bretagne, puis les Celtes Pictes, , du Poitou via l'Irlande, représentaient l'essentiel des Calédoniens que les Romains rencontrèrent lors de leur invasion. Au début du premier millénaire, il est donc permit de penser que des chiens et des lévriers d'origines multiples étaient présents en Ecosse. Avant le moyen-age,  les Scots,  venus d'Irlande, envahissaient l'Ecosse avec une expansion remarquable dans les hautes terres, le  Christianisme  faisait ses premières missions, et les Vikings commettaient des raids.  Alors, du moyen-age au 20 ème siècle, la Politique, la Religion, le commerce, la Science, continuaient leurs oeuvres. Danemark, Norvège, France, Pays-Bas, et bien d'autres nations fûrent impliquées dans l'histoire écossaise. Chiens de garde, de berger, ou de chasse avaient suivi les péregrinations des hommes. 

Pierre picte, 7-9 ème siècle.


Avant 1800, peu de traces de l'existance d'une race explicitement comparable au deerhound moderne. Quelques écrits, plutôt fabuleux au sens propre de cet adjectif, et quelques gravures ou peintures représentants des sujets assez proches du greyhound actuel. Début  19ème, quelques descriptions dont celles de Sir Walter Scott, laissent apparaître que l'appellation deerhound n'est pas la seule manière de nommer le lévrier des Highlands. Parallèlement les représentations deviennent plus nombreuses, mais révèlent des aspects variés. Les sujets de couleurs fauves paraissent nombreux, voire majoritaires. Le poil dur est plutôt court. Les chiens à panachures blanches envahissantes n'étaient pas rares. Mais surtout écrits et imageries de cette époque démontrent que les croisements étaient pratiqués et à lire les lettres de Sir Walter Scott, un chien croisé n'était pas forcément un bâtard mésestimé. Vers 1850, l'appellation Scottish deerhound est quasi unanimement adopté.


Le journal de Mr James Irvine Robertson en 1845, prouve que la différence était faite entre greyhound et deerhound, et leurs spécialités. Pour l'anecdote le fameux Buscar de McNeil qui est cité 25 fois, semblait faire plus de bêtises que d'exploits de chasse...à lire absolument !


A lire aussi cet extrait des Anecdotes of Dogs, by Edward Jesse, London: Bell & Daldy; 1870; pp. 85-132., lien

La reconnaissance du deerhound en tant que race spécifique coïncide avec la triste époque des "Highlands Clearances" . Après avoir souffert, les décennies précédentes de la famine, des épidemies, de la guerre des clans , la population vivaient des heures pénibles en étant expropriée et souvent expatriée pour que les chefs de clans qui étaient devenus, par le truchement de lois nouvelles, uniques propriétaires des terres et biens afin de s'enrichir rapidement et d'accepter, de fait, l'implication de l'Angleterre dans la gouvernance de l'Ecosse. Il faut reconnaître que les deerhounds étaient, comme beaucoup de lévriers, "l'apanage" de la noblesse. Le lévrier des Highlands devint une image identitaire de la culture écossaise et, pour les angais, un des symboles romantiques de la grande époque victorienne.


Début 1800, les grandes lignées de deerhounds provenaient des clans, Grant of Glenmoriston, Mac Neil of Colonsay, MacDonell of Glengarry, etc.. J'ai trouvé peu d'informations précises sur la provenance de ces lévriers et sur la manière dont ils fûrent élevés. La lignée des Glengarry semblaient avoir subi de nombreuses retrempes comme en témoignerait le chien Maïda que Sir Walter Scott reçu de Glengarry et dont il disait ceci; -"He is descended of the Blue Spanish Wolf-dog, and  the real deer grey-hound..." (-"Il descend du Chien-loup Bleu d'Espagne et du vrai grey-hound de Cerf...). Il est intéressant de remarquer que des chiens de Glengarry portaient  la mention "pure Glengarry breed" et d'autres simplement "Glengarry breed". Toujours est-il que jusqu'en 1860 environ il était souvent question de l'ancienneté et de la "pureté" des deerhounds alors qu'après, et jusqu'à la fin du 19ème siècle, les croisements  fûrent fréquents.

Les peintures de la première moitié du 19ème siècle représentaient majoritairement des sujets fauves, les quelques bringés étaient souvent légèrement tigrés, le pelage dur était assez court  et jamais on peut observer les longueurs de poil imposées dans le standard actuel. Du point de vue du peintre et des règles de la peinture, il est compréhensible qu'il ait été préférés les sujets à la couleur fauve chatoyante et ceux dont la surabondance de poil ne cachait pas, voire ne gâchait pas, la silhouette. Par conséquent,  dire qu'il y avait plus de fauves que de bringés serait un racourci hasardeux. Quelques écrits révèlent toutefois que les sujets clairs (fauves, bringés légèrement, gris ?) étaient préférés à la chasse car plus facile à suivre du regard. Ces témoignages du passé rappellent cependant que la couleur fauve était, au moins, courante et appréciée, donc la disparition de ce coloris est regrettable. Je pense qu'il s'agit d'une des grandes fautes des éleveurs de la fin du 19ème, et seul le recours à la retrempe permettrait de faire réapparaître les fauves.  

Pour revenir à l'histoire du deerhound avant 1850, mes recherches ne révèlent, pour l'instant, aucune preuves de croisement, ni à l'inverse de reproduction contrôlée comme il était déjà d'usage pour le greyhound. Le deerhound moderne a des qualités qui sont rares dans le groupe des lévriers. En action de chasse, en plus de la vue et de l'ouïe, le deerhound a énormément recours à son odorat . Je peux affirmer que de nombreux sujets seraient des pisteurs et de chiens de recherche au sang remarquables, appliqués, méthodiques, concentrés et persévérants. Une autre facette du deerhound, méconnue, m'interpelle. Quand vous les faites chasser seul ou à deux ils sont totalement silencieux, mais si vous les mettez en groupe, ils donnent de la voix,  lèvent la queue très haut, et ont un comportement de meute flagrant c'est à dire avec le fameux "team spirit" (esprit d'équipe) cher aux équipages de vènerie. Je pense également que de nombreux deerhounds se mettent aux ordres avec une soumission propre aux chiens de chasse à courre. A l'inverse certains deerhounds ont un comportement marqué de chiens de berger, rassembleur, surveillant, gardien. Ma chienne R'ihafia tournait autour d'un groupe d'humains et chiens en promenade, n'hésitant pas à jouer du museau, voire des dents, pour regrouper les individus qui se séparait du groupe.  Il a fallu réellement freiner ce comportement qui ne l'empêchait d'être passionnée de chasse. La faculté de dressage et d'éducation du deerhound est proche de celle des chiens de berger, la complicité avec le deerhound est forte, son envie de plaire à son maître est grande. Je trouve que le caractère du deerhound combine les qualités des lévriers, des chiens courants, et des chiens de bergers.

Les lévriers existent depuis plusieurs millénaires, mais celà n'exclu pas le fait que des croisements avec d'autres types de chiens aient eu lieu. Je partage l'idée qu'il existe deux types de lévriers, les presque "pures" graïodes et les retrempés. Le type graïode est très ancien et puissant car quand un lévrier de race ancienne est marié à un autre type canin, le phénotype et les caractères graïodes seront trés marqués sur le produit de ce croisement.  Parmis les caractères graïodes, le plus important est la tendance à l'étirement du squelette et l'afinement des tissus et muscles. En résumé un graïode est un canidés "affecté" des "gènes" de l'étirement. Par conséquent si aucune retrempe n'est pratiquée, le type graïode s'amplifie, ce qui explique l'élégance des lévriers africains et orientaux, et ce qui explique aussi, selon moi, le manque de carrure et de puissance de nombreux barzoïs et deerhounds actuels qui, s'ils sont bien plus grands que leurs ancêtres d'il y a un siècle, sont proportionnellement  moins costauds. Quand je fais ce constat je ne parle pas de la frange infime de cracks qui se démarquent de la majorité, pas plus que je fais allusion aux sujets les plus médiocres, mais quand je juge une race dans son ensemble,  je prends en considération la catégorie des individus courants, eux seuls représentatifs de l'état d'une variété. Le fait qu'il y ait tant de barzoïs et deerhounds bâtis comme des bicyclettes est dû, non au manque de sélection, mais au fait de ne les reproduire qu'entre graïodes. 

Anonyme, 16ème siècle, chasse au sanglier, lien


Au moyen-âge, la chasse au grand gibier était surtout pratiquée avec trois types de chiens; des chiens de meute type chiens courant avec de longues oreilles pendantes dont le rôle était de lever, pister, poursuivre le gibier, puis des grands lévriers qui devaient rattrapper et aggripper la proie, pour être rejoints par de grands dogues élancés qui maintenaient le gibier en attendant l'homme ou achevaient la proie. Les dogues de chasse étaient des trois types celui qui subissait le plus de retrempes. Puisant ses origines dans les puissants dogues issus des chiens de guerre et de garde, le dogue de chasse reçût du sang de chiens de chasse courants et limiers pour améliorer ses qualités cynégétiques. Afin de les rendre plus rapides et agiles, des lévriers fûrent également croisés avec les dogues de chasse. Inversement le sang des dogues de chasse coule dans les veines des puissants chiens courants, souvent par le biais du Saint-Hubert ou Blood-hound, et dans les veines des grands lévriers car inévitablement des sujets trés typés lévriers mais issus de croisements (ce qui est fréquent) fûrent élevés comme des lévriers. Parmis les races actuelles, le Dogue Allemand est la race la plus proche des anciens dogues de chasse. Ainsi mon opinion est que les trés grands lévriers continentaux comme les Charts Polonais, les Barzoïs, les Deerhounds, les Greyhounds, ont tous bénéficiés d'apports de sangs variés, comme l'Irish-wolfhound plus tard, pas dans le but d'en faire des chiens géants, mais des chiens trés performants à la chasse au grand gibier. 


Depuis des siècles, les nobles qui pratiquaient ce sport qu'est la chasse au grand gibier voyageaient beaucoup, particulièrement entre les différentes contrées britanniques et le continent, leurs chiens de chasse les suivaient , étaient offerts, importés... Les progrès de la science commence à révèler combien le brassage de la population canine a été important depuis longtemps.


A partir du 18ème siècle, l'engouement pour les chiens provenant de l'étranger, voire de contrées lointaines,  grandit. Les croisements avec ces canidés "exotiques" deviennent fréquents. Les chiens de montagnes sont partiulièrement  concernés, et la noblesse s'éprend de ces gros chiens ramenés des cures et excursions dans les Alpes ou Pyrénnées. Forcément des croisements eurent lieu avec les dogues et lévriers qui vivaient déjà auprès d'eux. En relation avec le deerhound je citerai Maïda, "Blue Spanish Wolf-dog" croisé "real deer grey-hound" que Lord Glengarry avait offert à Sir Walter Scott et que de nombreuses personnes ont assimilé à un Chien de montagne des Pyrénnées,  ce qui est vraisemblable. Maïda avait eu une descendance et dans les lignées Glengarry il se peut que se croisement ait eu une continuïté.


Entre 1850 et 1900, l'étude des pédigrées révèle des croisements multiples. De nombreux néo-cynophiles qui s'étaient épris du Deerhound sont aussi certains des pionners de la "ressurection" de l'Irish-wolfhound". Certains croisés Deerhounds/Great Dane (Grand Danois) ont une descendance officiellement Lévriers Irlandais et Lévriers Ecossais. Auparavent ou parallèlement des croisements avec le Barzoï se répètent, l'engouement pour les Barzoïs récemment importés de Russie encline de nombreux éleveurs à marier leurs Deerhounds aux magnifiques chiens russes qui rafflaient les victoires dans les nouvelles expositions canines, à l'image des célèbres Barzoïs Krillut et Korotaï. Les premiers Barzoïs présents dans les pédigrées des Deerhounds apparaissent dès 1860. Pas moins de trois barzoïs différents sont clairement identifiés, et bien d'autres présentis. Au début du 20ème siècle, quasiment tous les Deerhounds ont plusieurs Barzoïs dans leur pédigrée,  un ou plusieurs Doques Allemands, ainsi que du chien irlandais dont il est question de croisement de mastiff et greyhound, du bloodhound au sens actuel du terme, ajoutons les nombreux chiens aux origines inconnues, les rumeurs de croisements divers  dont certaines ont peut-être un fondement et les accouplements accidentels, force est d'admettre que la seconde moitié du 19 ème siècle est témoin d'une étrange Cynophilie naissante qui parlait de "Race pure", et élevait dans la contradiction des théories qu'elle accouchait.